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Climate Financing in Cameroon: Challenges, Initiatives, and Priorities for The Private Sector

Introduction

Le changement climatique affecte directement plus de 70 % de la population du Cameroun, principalement dans les secteurs agricole et forestier. Bien que le pays ait intégré le changement climatique dans ses stratégies sectorielles, les besoins financiers restent immenses pour atteindre ses objectifs climatiques. Ces ambitions nécessitent la mobilisation de capitaux publics et privés conséquents. Selon la Climate Policy Initiative, le Cameroun a besoin de 60 293,1 millions de dollars pour lutter contre le changement climatique, mais n’a mobilisé que 390,5 millions de dollars en 2022, dont non seulement 2,6 % provenaient du secteur privé.

Les défis à relever pour attirer l’investissement privé restent considérables. L’insuffisance des infrastructures, le risque perçu par les investisseurs et l’absence de mécanismes financiers adaptés freinent leur engagement (BAD, 2023). Cependant, des initiatives voient le jour, comme les fonds d’investissement à impact et les partenariats public-privé, qui permettent de développer des projets axés sur les énergies renouvelables, l’agriculture durable et la décarbonation industrielle. Ces initiatives, lorsqu’elles sont bien structurées, peuvent non seulement répondre aux exigences climatiques, mais aussi générer des avantages sociaux et économiques pour les communautés locales. Cette note analyse la participation du secteur privé au financement de la lutte contre le changement climatique, les initiatives actuelles pour combler le fossé, les secteurs clés et la mobilisation du secteur privé, suivie de recommandations.

1. La participation privée reste marginale

Le financement de la lutte contre le changement climatique au Cameroun est largement dominé par les flux publics et les fonds internationaux, le secteur privé étant à la traîne. Le pays doit mobiliser environ 58 milliards de dollars pour des mesures d’adaptation et d’atténuation au cours des dix prochaines années (BAD, 2023). Ne pas le faire pourrait entraîner une perte économique importante pouvant aller jusqu’à 10 % du PIB d’ici 2050. En 2022, seuls 2,6 % des fonds climat mobilisés au Cameroun provenaient du secteur privé, sur un total de 390,5 millions USD mobilisés pour le climat (BAD, 2023). Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, les acteurs privés ne sont pas suffisamment conscients des opportunités économiques de la croissance verte, telles que les énergies renouvelables et les technologies propres. Les incitations financières et fiscales restent insuffisantes pour inciter les entreprises à investir dans des initiatives climatiques. Par exemple, quelques entreprises bénéficient de crédits d’impôt pour des projets verts.

En outre, le secteur privé camerounais est en grande partie composé de PME, qui manquent souvent de capitaux et d’appui technique pour s’engager dans des projets climatiques. Les banques locales, bien qu’en développement en matière de financement climat, sont réticentes à apporter des financements importants en raison de la perception des risques élevés associés aux projets verts. Cette situation souligne l’urgence d’impliquer davantage les investisseurs privés dans l’effort national pour le climat, malgré l’existence d’initiatives prometteuses.

2. Current initiatives: encouraging milestones

2.1. ICLEI Africa

The private sector plays a dormant role in climate finance in Cameroon, but several projects and initiatives seek to increase private sector financing. For example, the BRIDGE project, launched by ICLEI Afrique, launched by ICLEI Afrique, is an innovative initiative to boost inclusive climate finance and promote gender equality in Cameroon. The project, funded by the Dutch Ministry of Foreign Affairs and the International Development Research Centre (IDRC), will lay the foundations for gender-sensitive bank participation in climate finance.

2.2. International Monetary Fund

The $184 million Resilience and Sustainability Facility (RSF) aims to help Cameroon adapt to and mitigate the impacts of climate change, improve governance, and integrate climate policies into public finance management. The RSF can encourage private sector participation by providing risk mitigation tools and guarantees, enabling the private sector to participate in climate finance projects. This is already the case at the Inter-American Development Bank, and other authorities are working to set up a project preparation facility that could mobilize up to $1.2 billion in private sector resources. The Cameroonian government can work with local banks to finance climate adaptation projects on a gender-balanced basis while using the fund to provide guarantees. At the same time,  the Green Fund for Climate Projects (CFAN)is expanding in Cameroon to help develop climate change adaptation projects.

2.3. Roadmap for the Circular Economy

On October 22, 2024, Cameroon launched the development of its national circular economy roadmap with financial support from the African Development Bank, via the African Circular Economy Facility (ACEF), and in collaboration with the African Circular Economy Alliance (ACEA).

This initiative aims to integrate the principles of the circular economy into national development by setting ambitious targets for 2035. These include increasing the contribution of the circular economy to economic transformation, job creation, and the restoration of natural ecosystems. Cameroon also plans to integrate 25% renewable energies into its energy mix by 2035 and reduce its greenhouse gas emissions by 35% by 2030, in line with its Nationally Determined Contribution.

The roadmap will serve as a political and normative framework for identifying investment opportunities and mobilizing financing for circular projects. It also aims to involve the private sector and other players in key high-value-added sectors.

3. Key Sectors for Investment

3.1. Agriculture

The agricultural sector employs over 60% of the working population in Cameroon. It provides 1/3 of the country’s foreign currency and 15% of its budget revenues (INS, 2019). These data reflect the importance of agriculture to the Cameroonian economy. However, this sector is hard hit by the effects of climate change;  it is the sector most exposed to and most affected by the consequences of climate change. To make it more resilient in the face of this risk, targeted investments need to be initiated and implemented. These should focus first and foremost on training farmers in the use of sustainable farming methods. Investments should also focus on scientific research, in particular on the development of seeds capable of coping with climatic hazards (World Bank, 2020). The private sector should support farmers in their transition to a more sustainable agricultural model, such as vertical farming, drought- and flood-resistant agriculture, etc.

3.2. Cities and Infrastructure

Selon les prévisions actuelles, d’ici 2050, la population du Cameroun atteindra près de 50 millions d’habitants. De plus, et suivant la même logique, sa population urbaine passera de 11 millions à environ 21 millions, soit 65 % de la population du pays à cette époque (ONU-HABITAT, 2016). L’augmentation de la population urbaine signifie que ces zones sont vulnérables aux effets du changement climatique. Cette vulnérabilité se manifeste par une plus grande exposition aux phénomènes cataclysmiques (Banque mondiale, 2017). Cela nécessite des investissements dans les infrastructures, en particulier dans le secteur de l’énergie, pour soutenir la résilience climatique. Les investissements devraient également être orientés vers la construction d’un système routier adéquat et fiable, capable de résister aux aléas du changement climatique et d’intégrer l’aspect de la durabilité à long terme.

3.3. Forêts et utilisation des terres

Selon les données de la Banque mondiale, environ 43 % de la superficie du pays est couverte de forêts (Logo, 2022). Les forêts sont donc une ressource importante, à la fois pour la population en tant que source de nourriture et de subsistance, et pour la croissance économique du pays, dont dépend une part importante des exportations. Ces forêts sont soumises aux actions quelque peu néfastes de l’homme. Parce que les forêts représentent une ressource non négligeable dans la lutte contre le changement climatique, des actions doivent être menées en ce sens (PNACC, 2015). Il s’agit notamment de financer des formations à l’utilisation de méthodes d’agriculture raisonnée, en particulier le reboisement, ainsi que l’utilisation des jachères pour revitaliser les sols. Nous devons également financer des projets visant à renforcer les compétences des administrations forestières en matière de suivi de la gestion forestière.

4. Vers une plus grande mobilisation du secteur privé

Mobiliser le secteur privé dans le financement de la lutte contre le changement climatique au Cameroun est une nécessité urgente pour relever les défis posés par le changement climatique. En effet, le déficit de financement pour atteindre les objectifs climatiques nationaux, tels que définis dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN), reste considérable (CDN révisée 2021). Le secteur privé, en tant que moteur de l’innovation et de l’investissement, peut jouer un rôle clé en complétant le financement public limité.

Cependant, plusieurs défis s’opposent à cette mobilisation. L’environnement réglementaire et institutionnel entrave le développement du secteur privé et n’est pas assez solide pour attirer un niveau substantiel d’investissements privés. De plus, les PME, qui constituent une part importante du tissu économique, manquent souvent de capacités techniques et d’accès au financement (BAD, 2023). Les opportunités liées aux technologies vertes, aux énergies renouvelables et à l’agriculture durable restent sous-exploitées (Thang et al., 2022).

Despite these constraints, promising initiatives are emerging. For example, banks such as Attijariwafa Bank are financing renewable energy and energy efficiency projects are financing renewable energy and energy efficiency projects. In addition, platforms such as COMIFAC and the Banque de Développement des Etats d’Afrique Centrale (BDEAC) are developing public-private partnerships to support businesses and structure climate projects. Numerous private-sector projects are emerging to accelerate the fight against climate change and other environmental challenges.

Recommendations

Derisking: private investors can finance adaptation-related projects on perfectly commercial terms if returns are stable. However, the uncertain financial value of many adaptation measures means that private players may need additional incentives to finance such initiatives.

Utiliser des ressources financières publiques pour réduire les risques liés aux opportunités d’investissement pour les investisseurs privés : le « blended finance », qui améliore les caractéristiques risque-rendement de l’investissement en rassemblant des capitaux ayant des attentes différentes en matière de rendements financiers et non financiers au sein d’une structure d’investissement. Une telle approche peut aider à atténuer les craintes liées à l’incertitude financière et aux lacunes en matière de connaissances, mobilisant ainsi des capitaux privés qui ne seraient pas disponibles autrement.

Les partenariats stratégiques peuvent enclencher un cercle vertueux : Au-delà de la mobilisation de capitaux supplémentaires pour l’adaptation au climat, les partenariats public-privé peuvent également apporter des avantages non financiers importants. Les partenariats stratégiques réduisent le manque de connaissances et de méconnaissance pour les investisseurs privés, car les institutions de financement du développement et les pays donateurs ont des décennies d’expérience et d’expertise dans la collaboration directe avec les gouvernements des pays en développement et la compréhension de leurs marchés. D’autre part, l’investissement privé apporte non seulement des capitaux supplémentaires, mais aussi de l’esprit d’entreprise, de l’efficacité et de l’innovation. Cela peut déclencher un cercle vertueux en renforçant la confiance des investisseurs dans les nouvelles opportunités et approches. Ces avantages cumulatifs contribuent à réduire les obstacles existants à l’investissement privé dans l’adaptation.

Conclusion

La lutte contre le changement climatique au Cameroun dépend d’une mobilisation accrue et efficace des capitaux publics et privés. Alors que les initiatives gouvernementales et les financements internationaux dominent actuellement le paysage, le rôle du secteur privé reste largement sous-exploité. Les défis liés à un environnement réglementaire inadéquat, à la faible capacité des PME et à la perception élevée des risques entravent l’engagement des investisseurs privés. Cependant, des initiatives telles que le projet BRIDGE d’ICLEI Africa et le Fonds pour la résilience et la durabilité montrent qu’il existe des solutions pour catalyser la participation du secteur privé. Il est donc impératif de renforcer les incitations financières et fiscales, de promouvoir les partenariats public-privé et d’adopter des mécanismes innovants tels que le financement mixte pour réduire les risques.

References List

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2. ADB. (2024). Le Cameroun amorce sa transition vers l’économie circulaire pour un croissance verte durable avec le soutien de la banque africaine de développement. https://www.afdb.org/fr/news-and-events/press-releases/le-cameroun-amorce-sa-transition-vers-leconomie-circulaire-pour-une-croissance-verte-durable-avec-le-soutien-de-la-banque-africaine-de-developpement-75019

3. ADB. (2024). STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ 2021 – 2025. African Development Bank Group. https://www.afdb.org/sites/default/files/documents/publications/redacted_final_afdb_2021-2025_psds_website_fran.pdf

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10. COMIFAC . (2022). Situation de base et opportunités de cofinancement , Commission des Forêts d’ Afrique Centrale . https://www.thegef.org/sites/default/files/events/Gervais%20Madzous-Workstream%203-%20COMIFAC%20Presentation-pdf.pdf

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13. Ngounou, B. (2022). CAMEROUN : mobiliser 1 million d’acteurs du secteur privé pour l’action climatique . https://www.afrik21.africa/cameroun-mobiliser-1-million-dacteurs-du-secteur-prive-pour-laction-climatique/

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16. ONU-HABITAT. (2020). Note de Politique Urbaine Nationale du Cameroun , https://unhabitat.org/note-de-politique-urbaine-nationale-du-cameroun#:~:text=La%20pr%C3%A9vision%20actuelle%20du%20Cameroun,de%2050%20millions%20en%202050.

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18. CCNUCC . (2021). CONTRIBUTION DÉTERMINÉE AU NIVEAU NATIONAL ACTUALISÉE (CDN) CONTRIBUTION DÉTERMINÉE À L’ÉCHELLE NATIONALE – MISE À JOUR (NDC). République du Cameroun , https://unfccc.int/sites/default/files/NDC/2022-106/CDN%20r%C3%A9vis%C3%A9e%20CMR%20finale%20sept%202021.pdf.

19. Banque mondiale. (2024). Renforcer la résilience climatique des infrastructures en Afrique : Le secteur des ponts et chaussées . Banque Mondiale , https://www.banquemondiale.org/fr/topic/transport/publication/enhancing-the-climate-resilience-of-africas-infrastructure-the-roads-and-bridges-sector.

AUTEURS

Haiwang Djamo Ferdinang

Analyste de recherche

&

                                                                                             Tchoupe Fossi

Analyste de recherche

&

Henri Kouam

Fondateur et directeur exécutif

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